Marie-Agnès Labarre n’est pas candidate aux européennes. Pourtant, dimanche, elle sera peut-être la grande gagnante de l’élection en Essonne. Par un subtil coup de billard politique à trois bandes, l’ex-maire PS deVert-le-Petit pourrait devenir sénatrice, un an après avoir perdu son écharpe d’édile.
Pour cela, elle devra scruter les résultats dimanche…dans le Sud-Ouest ! L’origine de ce micmac s’appelle Jean-Luc Mélenchon. L’ex-ministre socialiste, roulant désormais sous ses propres couleurs (Parti de gauche), tente un parachutage aux européennes du côté de Toulouse, avec une réelle chance de devenir eurodéputé, ce qui entraînera sa démission du Sénat. Et c’est là qu’on retrouve Marie-Agnès Labarre, qui a récemment rangé sa carte du PS pour rejoindre le Parti de gauche. En 2004, l’élue—alors socialiste —figurait en 4e position sur la liste des sénatoriales portée par Jean-Luc Mélenchon.
Ses chances d’être élue étaient quasi nulles. Première surprise : la liste avait réussi à remporter trois sièges (les PS Jean-Luc Mélenchon, Claire-Lise Campion et le PC Bernard Véra). Deuxième surprise, cinq ans après : Jean-LucMélenchon est prêt à quitter le Sénat pour l’Europe, ce qui libérerait une place à Marie-Agnès Labarre, suivante de liste. « Je serais heureuse à plus d’un titre », confie l’ex-ingénieure de microbiologie âgée de 64 ans. Car son inattendue promotion serait le signe d’une belle victoire de Jean-Luc Mélenchon, son nouveau chef de file. Mais dans l’affaire, le PS se sent un peu floué. « Si elle obtient ce mandat, elle a l’obligation morale de le rendre au suivant de liste socialiste, le maire de Montgeron Gérald Hérault, tonne Carlos Da Silva, le patron du PS essonnien.
Ce sont en majorité de grands électeurs socialistes qui ont voté pour cette liste. » Une incantation qui ne risque cependant pas d’être suivie d’effet. Et, en cas d’accession au Sénat, Marie-Agnès Labarre compte bien « essayer d’y faire quelque chose, de défendre (ses) valeurs, notamment sur l’environnement ». Désormais installée à Corbeil, elle aura ensuite le temps de réfléchir à la tactique à adopter pour les sénatoriales de 2011, où elle pourrait faire liste commune avec le PC.
Le parisien du 4 juin 2009 article de Grégory Plouviez