Hier soir la réunion publique du Front de gauche « Sauvons notre hôpital » a donné lieu à un beau débat. La salle était pleine, il a fallu ajouter des chaises. Disposée en ovale, pour inciter la salle à participer, une simili tribune composée de deux médecins, deux syndicalistes, une députée, et la responsable santé du parti de Gauche faisait plaisir à voir. Sur 6 intervenants, 4 étaient des femmes, cela montre que dans le domaine du féminisme aussi le FDG peut dire » Nous on peut » .
Le premier à s’exprimer fut Henri Lelièvre, médecin et président de l’association « Sauvons notre hôpital public ». Dans une belle démonstration il expliqua qu’avec les dernières lois le fonctionnement des hôpitaux n’avait plus rien de démocratique et cela à tous les niveaux. « Le président de l’ARS peut être viré sur simple décision du ministre, lui même peut viré les directeurs d’hôpitaux. Les élus n’ont plus voix aux chapitres » nous a t’il déclaré, tout part d’en haut ».
Il a aussi abordé les problèmes techniques propres au nouvel hôpital. Une partie d’un étage est vide comme un grand hall en béton. Sur 20 salles opératoires seulement 6 seront utilisées. Il pense qu’il sera impossible de payer le loyer et rappelle que le Partenariat Public-Privé est une mode depuis Tony Blair en Angleterre qui n’a jamais été probante. La seule solution qui est trouvée pour faire des économies c’est virer le personnel, ce qui handicape le fonctionnement de l’hôpital.
Pour Roger Ferreri, Chef du service infanto juvénile de l’hôpital, le problème est : Comment se réapproprier l’hôpital public ? Il met l’accent sur le scandale financier que représente cet hôpital, et les millions d’euros qui sont en jeu. Il rappelle que c’est le contribuable qui paye.
C’est ensuite Annie Chaunac qui prend la parole, elle est syndicaliste CGT à l’Hôpital. Elle fait une magnifique démonstration, les pouvoirs publics ont menti aux usagers et aux personnels, faisant leur le vieil adage : » Pour tuer son chien on dit qu’il a la rage. Pour rentabiliser le site on veut y installer de la médecine lucrative prévient elle, avant d’affirmer que la santé ne doit pas être une marchandise.
Elle est rejointe dans ce sens par l’intervenante suivante, autre syndicaliste, Catherine Fayet, membre de SUD Santé. Elle se dit choquée par les termes employés maintenant dans leur travail. On leur demande d’être productif, on leur dit qu’ils ne sont pas rentables. Des mots directement issus du secteur marchand, pas du secteur public. Elle fait aussi remarquer que dans l’hôpital beaucoup de personnel sont précaires et qu’il y a une grosse souffrance au travail.
Après ce premier échange la salle prend la parole, échange sur leurs expériences, donne des avis sur ce qu’il faut faire pour défendre la santé dans notre pays ou demande qui a signé le Partenariat Public Privé de cet Hôpital. La réponse en images.
Xavier Bertrand Ministre de la Santé et Serge Dassault. Vous pouvez lire l’article qui va avec cette photo en cliquant sur le lien. Beaucoup d’interventions pour dire leur incompréhension face à la position de Manuel Valls et du PS qui au départ soutenaient ce projet et aujourd’hui semble le condamner.
Puis notre réunion pris un angle plus nationale avec l’intervention de Catherine Jouanneau, secrétaire nationale chargé des questions de santé du parti de gauche. Catherine expliqua qu’elle mène le même type de lutte en Seine et Marne, et nous informa aussi que le groupe eiffage avait les mêmes problèmes avec un hôpital qu’il construit dans la région de Saint-Nazaire. Elle insista sur le fait que c’est l’ensemble de nos services publics qui sont visés, et rappela les 4 dates qui marquent cette volonté de casser les services publics en le plaçant comme objet de concurrence libre et non faussée. Elle revint sur la fermetures de 2/3 des maternités en France en 20 ans. Il faut comme elle le dit, sortir du traité de Lisbonne et refaire du système français le 1er système de santé du monde.
Notre dernière invitée fut Jacqueline Fraysse-Cazalis, députée de la FASE, elle aborda le problème du dépassement d’honoraires. Pour elle la loi HPST met la pression sur le personnel, cela va mal dans quasiment tous les hôpitaux, c’est un système autoritaire. Elle incite les gens à se rassembler pour défendre nos services publics. Elle affirme que ce n’est pas un hasard, ce sont des décisions politiques. L’objectif est de donner tout cela au privé. Ancienne Maire de Nanterre, elle se souvient de l’action des hôpitaux publics la nuit ou son conseil municipal fut victime d’une fusillade, et précise que le privé travaillant pour faire de l’argent il n’aurait pas eu la même action cette nuit là et plus d’élus seraient morts.
La salle reprend le débat. Des réflexions mais aussi des propositions sont faites. Il faut à la fois informér , lutter, et mener le combat au niveau national. Parmi les propositions : l’organisation d’une votation citoyenne comme sur la poste, le lancement d’un Front de gauche de la santé comme il en existe pour les quartiers populaires ou l’éducation.
Une belle soirée , ou la dynamique semble prendre pour le front de gauche.