28 avril 2024

Il y a 30 ans : Mitterrand Président

J’étais encore adolescente quand cet évènement qui a marqué les esprits de nombreux citoyens s’est produit. Je me souviens encore de la campagne électorale de 1981 que je suivais à la télévision et par les débats entendus autour de moi. Mais ce qui reste gravé dans ma mémoire, c’est cette soirée du 10 mai 1981 .

Comme beaucoup, je me trouvais devant la télévision à 20heures, attendant que le nom du nouveau président soit annoncé. Comme beaucoup aussi, j’ai vu à 20h apparaître progressivement le visage de François Mitterrand sur mon écran. Au tout début quand seul le crâne est visible personne n’avait de certitude, puis petit à petit la confirmation s’était faite le président serait socialiste.

Le vent d’espoir qui ce soir la s’est levé était si grand qu’aujourd’hui, je me dis que de l’espoir justement il y en avait peut être trop pour un 1er essai. Ce soir là, je me souviens d’un de mes cousins qui accrochait des roses et des oeillets rouges sur les portails de la rue. Que de joie autour de moi, une impression que je ne me rappelle pas d’avoir vécue à un autre moment de ma vie.

Aujourd’hui qu’en reste-il ? 30 ans après, le bilan ne peut être un bilan figé, car le regard que l’histoire posera sur cet épisode sera différent de ce que ceux qui ont vécu cette période peuvent en dire.  Rappelons nous de la situation mondiale de l’époque. Alors que la France choisit un président socialiste, en Angleterre ou aux USA c’est le contraire qui se produit, c’est une droite dure qui est élue. 1980 USA :  Ronald Reegan; 1979 Angleterre : Magaret Tatcher. Le capitalisme est en pleine mutation et se mondialise.

Concrètement quels changements l’histoire pourrait elle retenir de cette période ? Peut être pas les mêmes que nous, mais la petite liste non exhaustive qui suit montre que des évolutions ont bien eu lieu dans cette période.
L’abolition de la peine de mort bien sûr, le droit de retrait des ouvriers en cas de danger, la liberté d’émettre pour les radios libres, l’abolition du délit d’homosexualité,  la  retraite à 60 ans que certains détruisent aujourd’hui, l’égalité hommes-femmes au travers de la loi Roudy, le remboursement de l’IVG  et avant 83 des nationalisations. .. la liste ne peut être complète. Cela n’était certes pas suffisant comparé à l’espoir suscité par l’élection de François Mitterrand, mais démontre qu’en particulier dans le domaine des libertés et des droits de l’homme, les évolutions furent nombreuses et importantes.

Le 14 juillet 1986, François Mitterrand refuse de signer plusieurs ordonnances de privatisations (Havas, TF1, Parisbas, Matra, Saint-Gobain et la société générale, étant parfaitement à ce moment dans la ligne qu’il défendait avant son élection.

Alors, qu’est ce qui n’a pas permis à la gauche de démontrer aux yeux des citoyens ses différences avec la droite ? Certainement le cadre de la 5ème république, un cadre institutionnel rigide, il aurait fallu faire une grosse réforme constitutionnelle voire passer à la 6ème république. Autre point, les individus, leur volonté d’exister pour eux même et pas de défendre un projet et l’intérêt général , la guerre des égos en somme.

Comment la gauche aujourd’hui peut elle éviter de retomber dans le piège du tous les mêmes ?  En se basant sur un vrai programme de gauche et en le respectant, et cette gauche là, celle qui s’unira autour d’un vrai programme de gauche, devra ensuite éviter de se déchirer sur des vélléités de pouvoir des uns et des autres.

1981 ne doit pas être considéré comme un échec pur, mais comme un apprentissage duquel il faut tirer des leçons pour que les erreurs commises ne se répètent pas dans l’avenir. Car,  comme le dit Jean-Luc Mélenchon, « Faire le bilan, ce n’est pas faire le bilan d’un homme mais celui d’une situation ». Ne nous laissons pas entraîner par la droite sur le terrain de la décrédibilisation de l’individu pour affaiblir un mouvement tout entier, restons sur notre programme, sur notre volonté d’aller au bout de la transformation radicale de notre société, avec au coeur de notre projet le partage des richesses et l’intérêt général.

Laissons le mot de la fin à François Mitterrand en le citant, et montrant que le passé doit servir pour mieux construire l’avenir.   » Il est normal qu’à chaque génération on fasse autrement autre chose ».

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